mercredi 15 juillet 2015

L’EGLISE AU COEUR DES ELECTIONS EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO




En RDC, l’église est un atout non négligeable dans la détermination du cours normal de la vie sociale au quotidien. Actuellement, c’est au cœur des élections qu’elle impose son véto. 

Avec une population estimée à plus de 70 millions d’habitants, la RDC est quasi-religieuse, pour ne pas dire quasi-chrétienne. Plus de 95% de sa population a une appartenance religieuse quelconque.
En tant qu’Etat laïc, la RDC est majoritairement catholique, suite à l’influence coloniale belge. 
A côté du catholicisme, est en train de se développer le protestantisme, surtout avec la croissance sans frein des églises de réveil indépendantes, à caractère de business, qui défient, actuellement, plusieurs communautés protestantes  en crise de leadership.
L’Islam, quant à lui, ne connait ni des hauts ni des bas. Il demeure un trésor familial acquis par hérédité. C’est, en effet, une croyance transmissible du père au fils. Ce qui détermine son quasi-statisme  dans ses statistiques. 

Dans la vie du Congolais, l’église est une véritable famille pour chacun de ses fidèles, suivant la fameuse théorie biblique de la « communion fraternelle » qui fait passer le lien de sang en deuxième position pour les uns. Cela constitue un véritable instrument d’exploitation des pauvres croyants qui se laissent emportés par des idéologies et convictions édifiantes comme dissipantes de leurs guides spirituels.

Le Congolais s’inspire de l’arme coloniale du Muzungu[1], le Christianisme, pour manipuler ses compatriotes. D’où une panoplie des dérapages et cacophonies est portée à l’ endroit des croyants des croyants par l’homme de Dieu, au nom de Dieu.



A deux mois et une semaine du lancement  des campagnes électorales, selon le calendrier de la CENI, les églises sont les cibles principales des potentiels candidats aux différents postes politiques. Ces derniers exploitent cet aspect car sous l’effet de la foi, l’esprit du Congolais devient léger, maniable et sans défense, par manque de spéculation. 

L’estime considérable de l’homme de Dieu et son charisme, presque sacré, font de lui un allier de taille dans le processus de mobilisation et sensibilisation de l’électorat.
Pour certains candidats, le meilleur endroit pour annoncer sa candidature c’est l’autel de son église. Pour d’autres, les suppléants qu’il faut pour se garantir un électorat sur, ce sont les serviteurs de Dieu. 

C’est ainsi que quelques actes, soient disant charitables et dons d’amour,  sont déjà entrepris  de part et d’autres dans les églises par des potentiels candidats. En retour, ils espèrent le soutien et l’accompagnement de l’église. 
C’est donc un moyen d’attirer la sympathie de ses frères en Christ.
D’où, dans une église de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, selon des sources qui ont requis l’anonymat, un pasteur aurait déclaré ce qui suit :
« Si vous croyez à la toute-puissance du Dieu de notre église et que vous confessez de votre bouche que j’en suis le berger, je vous exhorte déjà à soutenir notre fils tel pour les élections à venir. Vous êtes tous témoin de la contribution grandiose qu’il apporte à l’accomplissement de l’œuvre divine, celle de bâtir un temple à notre Dieu. Je profite de ce temps pour vous annoncer que c’est bien lui qui nous a payé ces instruments de musiques que nous inaugurons aujourd’hui ainsi qu’un lot de 50 chaises en plastique ».
Nous constatons amèrement delà que l’Eglise s’est détournée de sa vocation : être un rassemblement pour l'adoration, la prière, l'enseignement, la fraction du pain et la prédication de l'Evangile.
Delà, il est clair que certains soutiendraient qu’elle apporte sa part à la construction d’un monde meilleur.
Certes, l’église doit jouer le rôle décisif, en cette période des bouleversements sans précédents, en montrant la voie que l’humanité doit emprunter pour son salut et qui sont les personnes aptes à la guider. Ce qui est scandaleux c’est de voir que l’église est entrain de vendre aux enchères le sort du monde pour des fins égoïstes de quelques individus. 

Si nous risquons d’être mal compris c’est parce que, de nos jours, on a tendance à confondre la « charité » à la « solidarité ». Les deux se rencontrent par le fait qu’elles remplissent la même mission : Celle de faire preuve de générosité en venant en aide à son prochain. Leur démarcation  réside, alors, au niveau du but qu’elles poursuivent : La première est désintéressée, la deuxième attend quelque chose en retour. En outre, la charité est revêtue des connotations spirituelles, la solidarité est, quant à elle, revêtue des connotations matérielles et charnelles.

En revenant un peu plus haut, sur les propos de notre berger d’église, la question qui revient est celle de savoir ce qu’est le juste milieu entre faire l’aumône à l’église et les campagnes électorales politiques d’un pays.
S’il faut, alors, rendre cette question encore plus délicate, il faudra chercher à savoir ce que serait l’impact de l’aumône sur l’exercice du pouvoir politique. Enfin, les bons croyants font-ils les bons dirigeants, pour ne pas dire les bons politiciens ?

 C’est pourquoi, la fraction de pain à laquelle nous devrions assister, dans nos églises respectives, devait être un véritable acte de charité, à laquelle nous appelle la parole divine, et non celui de solidarité, - ce concept  n’étant mentionné nulle part dans les saintes écritures -. 

L’église doit rester cette communauté capable d'apporter une aide spirituelle, sociale et financière à ceux qui en ont besoin, un témoignage visible de l'unité de ceux qui croient en Jésus-Christ et cela malgré la diversité des âges, des natures, des conceptions, et des conditions sociales. 



[1] Homme blanc, les blancs, les occidentaux

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