En RDC, l’église est un atout non négligeable dans
la détermination du cours normal de la vie sociale au quotidien. Actuellement,
c’est au cœur des élections qu’elle impose son véto.
Avec une
population estimée à plus de 70 millions d’habitants, la RDC est
quasi-religieuse, pour ne pas dire quasi-chrétienne. Plus de 95% de sa
population a une appartenance religieuse quelconque.
En tant qu’Etat laïc,
la RDC est majoritairement catholique, suite à l’influence coloniale belge.
A côté
du catholicisme, est en train de se développer le protestantisme, surtout avec
la croissance sans frein des églises de réveil indépendantes, à caractère de
business, qui défient, actuellement, plusieurs communautés protestantes en crise de leadership.
L’Islam, quant à
lui, ne connait ni des hauts ni des bas. Il demeure un trésor familial acquis
par hérédité. C’est, en effet, une croyance transmissible du père au fils. Ce
qui détermine son quasi-statisme dans
ses statistiques.
Dans la vie du
Congolais, l’église est une véritable famille pour chacun de ses fidèles,
suivant la fameuse théorie biblique de la « communion fraternelle »
qui fait passer le lien de sang en deuxième position pour les uns. Cela constitue
un véritable instrument d’exploitation des pauvres croyants qui se laissent emportés
par des idéologies et convictions édifiantes comme dissipantes de leurs guides
spirituels.
Le Congolais
s’inspire de l’arme coloniale du Muzungu[1],
le Christianisme, pour manipuler ses compatriotes. D’où une panoplie des dérapages
et cacophonies est portée à l’ endroit des croyants des croyants par l’homme de
Dieu, au nom de Dieu.
A deux mois et
une semaine du lancement des campagnes électorales,
selon le calendrier de la CENI, les églises sont les cibles principales des
potentiels candidats aux différents postes politiques. Ces derniers exploitent
cet aspect car sous l’effet de la foi, l’esprit du Congolais devient léger,
maniable et sans défense, par manque de spéculation.
L’estime considérable
de l’homme de Dieu et son charisme, presque sacré, font de lui un allier de
taille dans le processus de mobilisation et sensibilisation de l’électorat.
Pour certains
candidats, le meilleur endroit pour annoncer sa candidature c’est l’autel de
son église. Pour d’autres, les suppléants qu’il faut pour se garantir un électorat
sur, ce sont les serviteurs de Dieu.
C’est ainsi que
quelques actes, soient disant charitables et dons d’amour, sont déjà entrepris de part et d’autres dans les églises par des potentiels
candidats. En retour, ils espèrent le soutien et l’accompagnement de l’église.
C’est donc un moyen d’attirer la sympathie de ses frères en Christ.
D’où, dans une église
de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, selon des sources qui ont
requis l’anonymat, un pasteur aurait déclaré ce qui suit :
« Si vous croyez à la toute-puissance du Dieu de notre église et que vous confessez de votre bouche que j’en suis le berger, je vous exhorte déjà à soutenir notre fils tel pour les élections à venir. Vous êtes tous témoin de la contribution grandiose qu’il apporte à l’accomplissement de l’œuvre divine, celle de bâtir un temple à notre Dieu. Je profite de ce temps pour vous annoncer que c’est bien lui qui nous a payé ces instruments de musiques que nous inaugurons aujourd’hui ainsi qu’un lot de 50 chaises en plastique ».
Nous constatons
amèrement delà que l’Eglise s’est détournée de sa vocation : être un
rassemblement pour l'adoration, la prière, l'enseignement, la fraction du pain
et la prédication de l'Evangile.
Delà, il est
clair que certains soutiendraient qu’elle apporte sa part à la construction
d’un monde meilleur.
Certes, l’église doit jouer le rôle décisif, en cette
période des bouleversements sans précédents, en montrant la voie que l’humanité
doit emprunter pour son salut et qui sont les personnes aptes à la guider. Ce
qui est scandaleux c’est de voir que l’église est entrain de vendre aux
enchères le sort du monde pour des fins égoïstes de quelques individus.
Si nous risquons
d’être mal compris c’est parce que, de nos jours, on a tendance à confondre la
« charité » à la « solidarité ». Les deux se rencontrent
par le fait qu’elles remplissent la même mission : Celle de faire preuve
de générosité en venant en aide à son prochain. Leur démarcation réside, alors, au niveau du but qu’elles
poursuivent : La première est désintéressée, la deuxième attend quelque
chose en retour. En outre, la charité est revêtue des connotations spirituelles,
la solidarité est, quant à elle, revêtue des connotations matérielles et
charnelles.
En revenant un peu plus haut, sur les
propos de notre berger d’église, la question qui revient est celle de savoir ce
qu’est le juste milieu entre faire l’aumône à l’église et les campagnes
électorales politiques d’un pays.
S’il faut, alors, rendre cette question
encore plus délicate, il faudra chercher à savoir ce que serait l’impact de
l’aumône sur l’exercice du pouvoir politique. Enfin, les bons croyants font-ils
les bons dirigeants, pour ne pas dire les bons politiciens ?
C’est pourquoi, la fraction de pain à laquelle
nous devrions assister, dans nos églises respectives, devait être un véritable
acte de charité, à laquelle nous appelle la parole divine, et non celui de
solidarité, - ce concept n’étant
mentionné nulle part dans les saintes écritures -.
L’église doit
rester cette communauté capable d'apporter une aide spirituelle, sociale et
financière à ceux qui en ont besoin, un témoignage visible de l'unité de ceux
qui croient en Jésus-Christ et cela malgré la diversité des âges, des natures,
des conceptions, et des conditions sociales.
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